Un torrent d’argent, jusqu’à 1 310 milliards d’euros, s’est déversé sur les banques européennes aujourd’hui : c’est la liquidité que la BCE a injectée dans le marché en finançant 742 banques européennes qui ont fait appel aux prêts dits « LTRO III », les opérations de refinancement à plus long terme lancées par la BCE pour faire face à l’urgence du Coronavirus. C’est ce qu’a annoncé jeudi la banque centrale présidée par Christine Lagarde, en publiant les résultats de cette nouvelle édition de prêts bénéficiant de taux particulièrement favorables fixés par Eurotower pour encourager le soutien du système bancaire à l’économie réelle.
Les prêts à faible taux d’intérêt consentis aux entreprises pour leur transmettre ces liquidités sont d’autant plus nécessaires pour favoriser le redressement post-Covid. Les données publiées jeudi par la BCE dans le bulletin économique indiquent une aggravation de la situation économique, ainsi qu’une grande incertitude. « Dans le scénario de base des projections, le PIB annuel en termes réels diminuerait de 8,7% en 2020, augmentant de 5,2% en 2021 et de 3,3% en 2022 », écrit la BCE dans le Bulletin économique également publié jeudi, soulignant que « le Conseil des gouverneurs estime que, globalement, les risques pesant sur le scénario de base sont à la baisse. En général, l’ampleur de la contraction et de la reprise dépendra essentiellement de la durée et de l’efficacité des mesures d’endiguement, du succès des politiques visant à atténuer l’impact négatif sur les revenus et l’emploi et de la mesure dans laquelle la capacité de production et la demande intérieure seront affectées de manière permanente.
Selon le scénario le plus négatif, qui suppose une forte résurgence de la pandémie et l’adoption de nouvelles mesures d’endiguement, le PIB de la zone euro en termes réels sur douze mois diminuerait de 12,6 % en 2020, avant de remonter de 3,3 % en 2021 et d’augmenter de 3,8 % en 2022. Selon le « scénario modéré, qui suppose un confinement efficace du virus, le PIB en termes réels sur douze mois diminuerait de 5,9 % en 2020, avant de rebondir de 6,8 % en 2021 et d’augmenter de 2,2 % en 2022 ».
La détérioration par rapport à il y a seulement trois mois est spectaculaire : « Par rapport à l’exercice de mars 2020 mené par les experts de la BCE, les perspectives de croissance du PIB réel ont été sensiblement revues à la baisse de 9,5 points de pourcentage pour 2020 et à la hausse de 3,9 et 1,9 points de pourcentage pour 2021 et 2022 respectivement ».
« Les déficits les plus importants sont prévus pour la Belgique, l’Espagne, la France et l’Italie, qui figuraient parmi les pays ayant des ratios de dette publique élevés au début de la crise ». La BCE note dans le Bulletin économique que « la profondeur du choc généré par le Covid-19 et l’ampleur de la réaction du bilan ont conduit à une détérioration marquée et à une hétérogénéité marquée des positions du bilan ».
Aide de la BCE sur le front monétaire et des taux d’intérêt
« Dans l’environnement économique actuel, qui évolue rapidement, le conseil des gouverneurs réaffirme son engagement le plus ferme à prendre toutes les mesures nécessaires dans le cadre de son mandat pour soutenir tous les citoyens de la zone euro dans la période extrêmement difficile que nous traversons actuellement ». La BCE a assuré dans le Bulletin économique qu’elle effectuerait des achats au sein de Pepp jusqu’à « la phase critique liée au coronavirus » et en tout cas « au moins jusqu’en juin 2021 ».
Dans ce contexte, l’adjudication LTRO de jeudi représente le montant le plus important jamais attribué par la BCE en une seule transaction, conformément aux attentes qui misaient sur des demandes comprises entre 1 300 et 1 500 milliards. Lors des trois précédentes ventes aux enchères de LTRO III, les banques avaient demandé respectivement 3,4 milliards de lires, 97,72 milliards de lires et 114,979 milliards de lires. Le précédent record pour une seule enchère était de 529 milliards, enregistré en 2012.
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